Je lève la tête et les regarde. Les plumes crissent. Ils ne savent pas ce qu'ils écrivent ni pourquoi ils le font. Leurs poignets sont douloureux mais il faut écrire. Ne pas oublier un mot, garder la cadence comme si la vie en dépendait. Moi, je n'écris plus, je comprends. Je comprends à quel point ce qui m'entoure n'a pas de sens, n'a plus de sens, à quel point nous sommes seuls et livrés à nous-mêmes. Oui, tout à coup, j'ai peur de la vie, de ce que je suis, de ce dont est fait le monde. Des autres, de leur regard vide, de leurs gestes mécaniques. Ils sont piégés , aspirés dans le gouffre infernal de la vie, ils ne se débattent plus...Non, ils n'ont même plus conscience qu'ils sont prisonniers, qu'ils pataugent et s'enlisent petit à petit au fond du trou. Les hanches. Ils croient encore en la vie. Et puis tout le corps, dernier souffle. Moi aussi je bois la tasse, avec eux. Asphyxie, ma vie s'endort.
Aristine
Memento mori!
Commentaires
Par Leninah le Dimanche 16 janvier 2011 à 21:14
Tu décris les choses sans lourdeur. C'est agréable. On est tous inquiets, les autres aussi tu sais. C'est pas "le gouffre", c'est moins profond, c'est plus violent, et il y a des échappées. :)
Par Mardi 18 janvier 2011 à 18:24
le au fond on se regarde à peu près tous un jour ou l'autre avec une feuille devant soit et des mots à dire .. parfois en même temps qu'un autre et les regards se croisent ! je pense qu'on est nombreux à un jour relever la tête d'une interro et à regarder les autres gratter tout ce qu'on ne sait pas .
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