Aristine
Memento mori!
Vendredi 7 juin 2013 à 19:20
Photographie: Emmanuelle Brisson
Sur la terrasse ensoleillée,
Amnésie des jours heureux,
Âme esseulée au coeur des chemins tortueux,
Peines et tourments d’un rêve brisé.
Où s’en est allée la petite lueur,
Celle des yeux de ma tendre amie
Qui suffoque dans sa lente agonie?
Sa lumière est-elle prisonnière de sa torpeur?
Sans vie, elle semble attendre une fin.
Celle-ci sera-t-elle la bienveillance d’une main chaleureuse
Qui la sauverait de ces routes sinueuses
En la protégeant des lendemains incertains?
Ou bien sera-t-elle le néant,
Cette délivrance d’un inexorable destin,
Réponse amère à ce qui est vain,
Echappatoire d’un tragique dénouement?
Dimanche 12 mai 2013 à 17:35
Photographe: Sophie Calle
Faire ses adieux à notre enfant intérieur, c’est peut-être finalement faire le deuil de notre espoir. J’entends ces adieux comme la fin d'une valse à trois temps, qui vogue entre le souvenir de la première cigarette, l’angoisse de la solitude de l’être-là, et dont la dernière note se perd dans le chaos d’un avenir proche mais incertain. Lorsque mes doigts s’emmêlaient sur le clavier, mon professeur de piano me disait que j’avais fait un «canard». Je le revois amusé par une telle appellation, par cette drôle d’idée d’assimiler cet animal et certainement son cri à une fausse note. Malheureusement le piano ne sonne plus aujourd'hui, les canards ont fugué; ils ont déserté les touches de mon clavier, et viennent cancaner ailleurs, sur ma voie: le long de mon chemin, ils sont là, la gueule ouverte, ils viennent prendre la dernière note de la valse à trois temps. La note de l’espoir.
Mardi 23 avril 2013 à 21:56
J’aime la torpeur. Je l'attends chaque instant, la guette et scrute intarissablement les signes de son approche.
Si les aiguilles ne cessent de tourner et d’avancer fatalement sur le cadran lorsqu’elle s’abat sur nous, celle-ci, véritable paradoxe temporel, ébranle tout sur son passage. Elle traverse fidèlement le grand sablier du temps, mais à sa vue, le passé et les souvenirs trépassent. Le futur ne se dessine plus, l’inertie l’en empêche: la torpeur est cette pause qui engourdit les pensées et les affects de l’âme, les regrets, et les peurs que nous avons gardées de notre enfance. Elle m’attire inlassablement parce qu’elle est cette voie sacrée, peut-être unique, qui permet de croquer à pleine dent le sens profond de la mort, de comprendre ce qui la rend si douce, si chaude et si chère à nos yeux. Car il est des douleurs dont seule la torpeur peut nous préserver. Le temps d’une pause intemporelle, elle ôte notre «anima», ce souffle qui anime les hommes, pour qu’on puisse mourir un instant; parfois quelques mois. Pour qu’on puisse survivre, échapper à la réalité, aux terribles maux qui accablent et offensent nos petites âmes; des petites âmes qui n’ont finalement jamais accepté de grandir. Des petites âmes qui refusent vainement la vérité, cette cruelle réalité, celle sans paillettes et autres fantaisies infantiles.
Si les aiguilles ne cessent de tourner et d’avancer fatalement sur le cadran lorsqu’elle s’abat sur nous, celle-ci, véritable paradoxe temporel, ébranle tout sur son passage. Elle traverse fidèlement le grand sablier du temps, mais à sa vue, le passé et les souvenirs trépassent. Le futur ne se dessine plus, l’inertie l’en empêche: la torpeur est cette pause qui engourdit les pensées et les affects de l’âme, les regrets, et les peurs que nous avons gardées de notre enfance. Elle m’attire inlassablement parce qu’elle est cette voie sacrée, peut-être unique, qui permet de croquer à pleine dent le sens profond de la mort, de comprendre ce qui la rend si douce, si chaude et si chère à nos yeux. Car il est des douleurs dont seule la torpeur peut nous préserver. Le temps d’une pause intemporelle, elle ôte notre «anima», ce souffle qui anime les hommes, pour qu’on puisse mourir un instant; parfois quelques mois. Pour qu’on puisse survivre, échapper à la réalité, aux terribles maux qui accablent et offensent nos petites âmes; des petites âmes qui n’ont finalement jamais accepté de grandir. Des petites âmes qui refusent vainement la vérité, cette cruelle réalité, celle sans paillettes et autres fantaisies infantiles.
Mercredi 10 avril 2013 à 1:25
Photographe: Lissy elle
Paradoxalement, le non-être cause parfois plus de dégâts que l’être.
L’être qui ignore vos sollicitations affectives, et refuse d’être là à vos côtés, devient finalement, outre son existence bien réelle, un non-être qui habite votre âme tout entière. Et rien n’est plus fort que le vide qui se blottit tout contre vous et se glisse dans les moindres recoins. Dans les profondeurs de la chair, il vous enveloppe avidement de ses doigts crochus, vous agrippe et vous étouffe. Il faut croire que l’absence prend parfois plus de place que la chaleur humaine. Elle accapare d’abord le souffle, puis l’élan et enfin la réponse au «pourquoi?». Oui, le vide vous grignote, prolifère en vous jusqu’à vous glacer les os. Il vous transcende, vous soulève violemment le coeur et vous met à terre. Doucement, mais sûrement, le vide est sournois. Il vous dévore petit à petit, jusqu’à la dernière miette. Ah satané pou assoiffé de sang, le vide est si gourmand. Ce n’est jamais assez. Cela ne le sera jamais.