Aristine

Memento mori!

Dimanche 24 mars 2013 à 19:50



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Il y aurait quelque chose au creux de ses mains: cette promesse maternelle d’être là. Elle dirait ces mots qui enveloppent les âmes tout entières d’amour et de consolation. Des mots doux, des mots vrais. Les mots d'une mère. De la tendresse jaillirait du bout de ses doigts jusqu’à mes épaules secouées par les spasmes des sanglots incessants. Elle serait un simple bain de chaleur qui enlacerait mon corps endolori par les tourments. Une douceur qui apaise les êtres plongés dans la terreur. Elle serait juste cela; cette présence impossible. Cette relation interdite.

Samedi 9 février 2013 à 1:59



http://aristine.cowblog.fr/images/5563375777865589024601335351853n.jpg                                                                                    Alain Bashung
                                                                                   
"Des atomes, fais ce que tu veux."

Le train. La petite place sur la droite, la même qu’hier et que toutes les autres fois. Je m’assois. Je ne peux pas lire aujourd’hui. Encore une fois. Je fais défiler les pages entre mes doigts ouverts. Pour le plaisir du toucher. Du contact avec elles. Mais je ne peux les lire. Ces livres sans lecteur ne vivent pas; ils sont tout au plus des foetus qui errent « sans souffle et sans lumière ». Dans l’autre monde, ils attendent un lecteur pour naître. Un Socrate.
La maïeutique des livres, je ne connais plus depuis longtemps. Aucune note, aucune rature. Où sont les coins de pages cornés, les tâches de café et le papier jauni? Où sont les feuilles déchirées et ces gouttelettes d’eau que déposaient parfois mes larmes sur le papier lorsque les mots percutaient de plein fouet mon esprit? Mes livres n’ont pas d’existence. Pourtant, je crève d’envie qu’ils viennent au monde, que s’entrechoquent leurs paroles avec les miennes. Les livres;  J’en ai tant achetés et tant laissés sur le bord de la route! Au bord du quai. Pourquoi? Simplement, pourquoi?

Mercredi 2 janvier 2013 à 16:55


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Récemment, un blogueur m'a laissée ce commentaire « N'oublie pas, le désespoir est une forme supérieure de la critique. Ces idées noires témoignent de ta raison. Tu te dois de vivre pour les porter hautes et fières ! » ... Je pense que cette personne a voulu me déculpabiliser et me donner une «raison» de vivre malgré ces pensées négatives. Et pour cela, je l’en remercie.

Cependant, j’ai beaucoup réfléchi à ce que cette remarque impliquait et je m’aperçois que je ne considère pas du tout le désespoir comme une forme supérieure de la critique. Pour reprendre les mots d’Albert Camus dans le mythe de Sisyphe, oui je pense que le sentiment dépressif témoigne d'un «mouvement de la conscience»: si l’homme était incapable d’éprouver quelque chose comme le désespoir ou encore la lassitude, il vivrait machinalement sans réfléchir au sens de la vie et de ses actes. On pourrait presque alors apparenter l’homme à un robot (je dis bien presque!). En effet, je crois que le désespoir face à cette vie qui nous apparaît parfois absurde, est dans un sens, l’expression de l’usage de la raison parce que cela signifie que nous pensons, que nous nous interrogeons sur l’intérêt, l’utilité, ou encore le sens de la vie.

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En revanche, je ne vois pas en quoi l’homme qui refuse de dépasser ce sentiment de désespoir est nécessairement supérieur à l’homme qui sort de cet état dépressif: si on assimile le désespoir à une forme supérieure de la critique, cela sous-tend qu’il a raison de penser ainsi. Or, si le désespoir témoigne du «mouvement de la conscience», je ne vois pas pourquoi le rétablissement et le sentiment de joie de vivre, que l’homme anciennement dépressif peut retrouver par la suite, serait nécessairement un mauvais jugement, une bassesse, relativement à "l'homme désespéré", et ne résulterait pas également de l'usage de la raison. Réussir à aimer la vie après l’avoir tant détestée, montre, notamment dans le cas où l’homme sort de sa dépression non pas parce que le temps passe mais grâce à des raisons profondes, que la joie n’est pas forcément synonyme de naïveté ou d’un manque de réflexion mais provient parfois d'un long cheminement argumentatif.

D’ailleurs, j'ai beaucoup de respect pour ces personnes qui ont la capacité d’invoquer des arguments solides en faveur de la vie. Je ne dis pas que chaque argument qu’elles proposent est valide, évidemment que non! Mais je suis admirative car, plutôt que de se lamenter sur leur sort en légitimant leur tristesse par divers arguments, elles choisissent de construire un socle solide sur lequel repose leur désir de vivre, j’entends par là une sorte de «philosophie du bonheur» pour être heureux (et être heureux ne signifie pas nécessairement qu'on ne regarde pas la réalité en face contrairement à ce qu'on pense bien souvent..). Ces dernières années, j’en ai été incapable, alors oui, je considère ces gens courageux de choisir cette voie et c’est pourquoi je ne peux pas accepter la prétendue supériorité du sentiment de désespoir. Le bonheur, tout comme la tristesse ou la lassitude, peuvent résulter d’une activité de la raison, être issus d’une profonde réflexion. Croire que le bonheur est le résultat de l’ignorance et de la passivité humaine est un préjugé qui oublie ces personnes dont la joie de vivre est en définitive le succès de l’usage de la raison.

Peintures de Yue Minjun

Dimanche 30 décembre 2012 à 0:04


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"J'ai remarqué que quand on est triste ou qu'il y a une mauvaise nouvelle, la vie autour ne change pas. Comme le jour où mamie est morte, j'étais dehors, il y avait du vent, et quand on m'a dit que mamie était morte, il a quand même continué à y'avoir du vent dans mes mollets. Quand on est triste, les objets ne sont pas tristes, ils font comme si de rien n'était, et ça, ça me rend encore plus triste"


Du vent dans mes mollets, Raphaële Moussafir


Lundi 10 décembre 2012 à 14:42



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                                                                                                        Photographe: Clara Nebeling

Un cadenas sur le pont des arts ; une porte qui se referme « Je vous rends les clés ». Et voilà, il a fallu partir. Adieu Paris, la Sorbonne. Adieu mes professeurs de philosophie. L’escalator du métro qui ne marchait jamais. Adieu Ombline. Les péniches où l’on dansait la nuit.

Ne croyez pas que je regrette ; à quoi bon? Quel intérêt? Les regrets ne sont qu’une marche à reculons, ils étouffent le présent et compromettent l’avenir tels des parasites qui s’accrochent à vous et ne veulent plus vous quitter. Ils sont pour ceux qui ont peur de la vie. Comment avancer si on ne fait qu’envisager les choses sous leur aspect exclusivement négatif? Pourquoi ne pas tirer de ses erreurs ce qu’il y a de positif et d’infiniment constructif plutôt que de nous blâmer sans cesse pour nos mauvaises décisions? Et d’ailleurs, existent-ils vraiment de bonnes ou mauvaises décisions?

Alors cette pause, cet abandon, cet échec, appelez cela comme vous voulez, ce sera mon voyage initiatique à moi, oui, même si je reste chez mes parents, devant cet écran d’ordinateur. Un voyage intérieur et métaphorique, certes, mais un voyage. Même ici, là où j'ai grandi,  j’ai encore tant à apprendre. Tant à comprendre. Tant à lire que j’en suis presque effrayée. Alors, je m’en vais de ce pas, explorer les richesses qui nous entourent tous les jours et devant lesquelles je passe devant sans les voir. Je veux démêler le vrai du faux, démasquer les contradictions,  regarder différemment les arbres de mon jardin... Je veux appréhender d’un autre oeil le dernier film que j’ai vu, et prendre ma vie en main. Je veux apprendre à être bien, à être mieux. Je veux.. apprendre à vivre.

 

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